La tempérance

Dans un monde qui va toujours plus vite, où il faut « surperformer » et se transcender dans tout ce que l’on entreprend, à quoi bon les appels à la mesure, à la retenue, à l’autodiscipline un brin masochiste ? Et pourtant, la tempérance a encore beaucoup de choses à nous enseigner…

La tempérance, quésaquo?

“La tempérance est la vertu morale qui modère l’attrait des plaisirs et procure l’équilibre dans l’usage des biens créés. Elle assure la maîtrise de la volonté sur les instincts et maintient les désirs dans les limites de l’honnêteté”.

La tempérance est l’une des dix-huit grandes vertus selon André Comte-Sponville, dans son Petit traité des grandes vertus (PUF, 1995) dont la générosité, la compassion, la gratitude, la tolérance, la simplicité, la douceur, l’humour… Il donne sa propre définition de la tempérance : “La tempérance est cette modération par quoi nous restons maîtres de nos plaisirs, au lieu d’en être esclaves”.

La tempérance dans le jeu du tarot

Un ange qui verse un fluide d’un vase bleu dans un vase rouge. Les ondes circulent librement, à l’image d’une communication réussie. L’ange gardien assume un rôle protecteur et médiateur, il concilie deux univers : le rouge actif et le bleu passif. Malgré la tension du liquide entre les deux coupes, il se dégage de la carte un sentiment d’équilibre et d’apaisement. Par son action, la tempérance parvient à concilier des forces a priori irréconciliables : le Conscient et l’Inconscient, les émotions positives et les émotions négatives, l’Eau et le Feu, le Corps et l’Esprit. Elle influe l’équilibre, l’harmonisation, la souplesse, la détente, la confiance, la communication, l’échange, l’humanisme, la pacification et le dynamisme.

La maîtrise de soi, le bon usage des désirs…

Comme l’écrit Platon dans le livre IV de La République, « la tempérance est en quelque sorte un ordre, une maîtrise qui s’exerce sur certains plaisirs et certaines passions, comme l’indique l’expression commune maître de soi-même ».

3 raisons pour intégrer la tempérance dans nos vies

1ère raison : renoncer

Notre bonheur réside à renoncer à un plaisir immédiat. Tout ce que nous souhaitons dans notre vie nous demande de faire des choix, de faire des sacrifices pour se choisir avant tout pour être. La tempérance nous permet d’atteindre l’aceptation de soi, l’enthousiasme et de ce fait un alignement avec soi même…

Le cathéchisme nous dit : “Ou l’Homme commande à ses passions il obtient la Paix ou il se laisse asservir par elle et il devient malheureux”.

2ème raison : se connaître, savoir discercer,

Priviléger les “vrais biens” de bien sensibles qui sont au nombre de 3. Les biens “corporel”, les biens “affectif”, les biens “spirituel”. Apprendre à se détacher des biens corporels et affectifs pour se consacrer sur les biens spirituels qui nous porteront sur un chemin d’amour pour soi pour se livrer à l’autre.

3ème raison : intelligence et volonté

Que faut-il écouter notre intelligence ou notre sensibilité?

Nos désirs sont parfois exhacerbés. Grâce à la tempérance, des choix raisonnés pourront s’opérer grâce à notre intelligence et notre volonté. C’est la tempérance qui va s’imprégner de raison. La tempérance va nous permette de nous guider sur le chemin du bonheur par le biais de notre intelligence et de notre volonté. La voix de la sagesse…

Connais toi, toi même

Pour atteindre le bonheur, encore faut-il connaître ses propres besoins, ses propres désirs avant même de tempérer nos choix d’existence. Cette tempérance n’a du sens pour l’Humain que si, celle-ci, est choisie. L’apprentissage de soi passe par une écoute attentive de son intériorité, mais aussi au travers de la connexion à l’autre (enfants, amis, parents…) situations de vie (nouvel emploi, séparation, changement de vie…). Tel à un effet miroir, la vie nous fait grandir. Un vrai chemin parsemé de petits cailloux comme dans le comte du Petit Poucet de Charles Perrault.

Les nuisances extérieures : ne doivent pas nous envahir

Autrement dit, alors que nous avons tendance à nous laisser envahir par les nuisances de notre existence de tous les jours :

  • préférer la qualité à la quantité,
  • contrôler votre boulimie de vie : ses appétits, ses pulsions pour laisser place à un self-control des plus naturels : votre moi profond, votre volonté,
  • faire des choix raisonnés qui vous éviteront de vivre à côté de votre chemin de vie,
  • rester Maître de vous même dans l’attrait du plaisir,
  • metre des limites petits pas, par petits pas pour redevenir libre,
  • maîtriser votre soi et progresser sur votre propre lumière intérieure,
  • retrouver votre unité pour être,
  • garder un coeur heureux, serein et hônnete.

“Ou l’Homme devient spirituel jusqu’au bout de la chaire ou devient charnel jusqu’au bout de l’esprit”.

Pour en revenir à notre entre-temps, Montaigne écrivait cette belle phrase: “La tempérance est l’assaisonnement de la volupté, qui permet de savourer le plaisir en sa plus gracieuse douceur”.